In this world, I’m a stranger
Alors que des équipes de spécialistes enquêtent aujourd’hui officiellement sur les Ovni… l’on constate que l’attrait du ciel, du cosmos, donc de l’ailleurs, fascine nombre d’artistes. Que le sujet soit vu de manière scientifique et plus réaliste ou poétique et très onirique, il est source de développements infinis et de notre positionnement face au monde.
Un Ovni… tel serait le premier qualificatif que l’on donnerait au Voyage dans la lune, réalisé par Georges Méliès… en 1902. Considéré comme le premier film de science-fiction, muet et réalisé par les effets spéciaux et animations propres à l’époque, il raconte l’histoire de six astronautes qui partent découvrir la lune grâce à l’invention d’un certain professeur Barbenfouillis… La version restaurée de 2010, colorisée et enrichie de la musique du groupe Air est totalement fascinante, non seulement quand l’on songe à sa date de réalisation, mais aussi au fait que les interrogations sur l’astre lunaire ou plus globalement l’univers n’ont pas tellement changé quelques 120 ans plus tard. Quelle est la surface d’une autre planète et comment pourrait-on s’y installer ? Est-elle peuplée d’extraterrestres et serait-il possible de cohabiter avec eux ? Quel regard porter sur un lever de terre ?… Le court-métrage se terminant par de joyeux pas de danse exécutés lors d’un banquet donné en l’honneur des scientifiques, qui ont d’ailleurs ramené dans leur fusée de carton un habitant du troisième type…
Dans le cadre de la démarche d’Hiflow, sensible aux questions écologiques et environnementales depuis ses débuts, et dans une forme de prolongement de l’exposition Embrasser des espaces infinis, que j’avais curatée en 2020, ce nouvel opus propose de prendre de la hauteur et de s’élever vers un ailleurs. In this world, I’m a stranger est ainsi une réflexion métaphorique et parfois réelle sur l’état de la terre, avant de regarder vers le ciel. Car l’idée du cosmos fascine nombre d’artistes, tout autant en termes scientifiques qu’oniriques. S’inscrivant dans la poursuite d’un courant sur l’archéologie du futur ou l’analyse prospective des traces que les hommes donneraient à voir dans le monde de demain, les seize plasticiens présentés ici peuvent suivre les enquêtes de la NASA, se rendre sur des lieux d’observation privilégiés ou étudier la cosmologie dans les livres. Ils vont suivre des faits physiques ou juste s’en inspirer comme source potentielle à des interprétions infinies, pouvant également explorer les phénomènes d’évolution de la lumière et donc de la perception, recouvrant la définition de l’art et de son histoire en général. Ce sujet se positionne dans une atemporalité totale, de la création de notre univers, aux propositions, parfois les plus loufoques, de certains milliardaires américains. Il rejoint l’actualité par la nécessité, peut-être réelle, de devoir quitter un jour notre planète, tout en continuant à observer, comme des enfants émerveillés, la sphère céleste, quel qu’en soit le point de vue…
Marie Maertens, Novembre 2022
Avec les artistes :
Julien Audebert – Mustapha Azerual – Tiki Bordin – Caroline Corbasson et Andrea Montano – Julien Discrit – Félicie d’Estienne d’Orves – Mounir Fatmi – Laurent Grasso – Cyrielle Gulacsy – Alexandre Joly – Joseph Obanubi – Evariste Richer – Pia Rondé & Fabien Saleil – Evelyn Vonesch
Une exposition curatée par Marie Maertens
Historienne de l’art de formation, Marie Maertens est journaliste, critique d’art et commissaire d’exposition indépendante. En 2022, elle a organisé l’exposition Power Flower, au 109, dans le cadre de la biennale de Nice. En 2020, elle avait conçu les expositions Embrasser des espaces infinis, pour Hiflow de Geneve et Utopic Landscapes, pour le site collectorseries.tv, qui a suivi celle d’American Women, the Infinite Journey à la Patinoire Royale de Bruxelles. En 2018, elle a développé The Surface of the East Coast, initiée au 109 de Nice, l’été 2017, dans cinq galeries de Manhattan, ajouté à une performance à Brooklyn. Elle a également été le commissaire du Quatrième sexe, La phase B de la performance, Spirit your mind, Desdémone, entre désir et désespoir, Brooklyn à Belleville, Summer Camps, Wani... Elle collabore régulièrement avec les médias Connaissance des arts et Projets et est l’auteur de nombreux textes ou interviews diffusés dans divers catalogues et revues. Ses écrits sont aussi à lire sur son site : mariemaertens.com
Catalogue de l’exposition
Les photos
Photos par ©Thomas Cerato